Portrait et photoreportage
En photographie, deux écoles s’opposent. D’un côté, la mise en scène avec un modèle qui joue un rôle devant l’appareil du photographe, et de l’autre, la spontanéité domine, sans aucune autre intervention du photographe que celle de capturer l’instant.
Ces deux démarches s’appliquent à la pratique du portrait en proposant deux types d’image, celle qui consiste à faire poser des gens et l’autre, qui consiste à saisir les gens sur le vif. Les photos prises sur le vif sont perçues comme étant naturelles et sont mises en opposition aux portraits posés, qui renvoient à des images arborant une attitude convenue. Une photo posée et une photo prise sur le vif sont deux images construites différemment et on peut obtenir de beaux portraits dans les deux démarches, tout dépend de l’intention et de l’engagement du photographe.
J’ai toujours admiré les grands maîtres de la photo humaniste et les photos spontanées. Loin des studios et des séances de poses, le portrait de style reportage est une autre manière de réaliser un portrait. Les images sont prises sur le vif, le photographe saisit le sujet dans un instant qui ne se reproduira jamais, comme dans un reportage. Je préfère photographier le sujet sur le vif pour l’authenticité de l’image, capturer un instant fugace en m’adaptant à la scène. Je n’aime pas les mises en scène figée. Mes portraits sont souvent réalisés en noir et blanc, langage qui est souvent utilisé en photographie de reportage et qui a cette faculté de figer une scène hors du temps.
Lorsque l’on capture le portrait d’une personne sur le vif, on ne verra pas, dans l’expression de cette dernière, de retenue ni la gêne que pourrait provoquer l’appareil photo. Ce sont des moments où les expressions des visages sont uniques et ce sont des moments qu’il est difficile de recréer en studio ou lors de séances de portraits posés.
Pour réaliser des portraits sur le vif, l’important est de passer inaperçu. La prise de vue est réalisée sans flash pour ne pas attiré l’attention. Travailler en situation de reportage demande beaucoup de discrétion et d’observation. Je me pose très peu de questions, mon attention est attirée par une attitude, un visage, une posture ou une expression particulière. Tout se passe très vite et il faut être rapide, une hésitation et c’est souvent trop tard.
Les mariages, les séances de portraits, la photo de rue, notamment à Paris, sont des opportunités pour réaliser ce type de portrait.
Lors de mes reportages de mariage, pour ce type de portrait, je travaille avec une focale de 180mm, durant les séances de portrait lifestyle, ma focale de prédilection est le 85mm et pour la photo de rue les scènes sont capturées avec des focales fixes, un 35mm ou un 50mm.
Lors des séances de photos de couples ou de portraits, mon optique est de saisir des moments de vie qui vont exprimer une émotion, une atmosphère. Je ne dirige pas, je ne fais pas poser et le cadre et la gestuelle ne sont pas figés. Je choisis l’environnement et je propose des situations qui permettent d’obtenir des instants spontanés sans les avoir prémédités.
Reste au photographe a déclencher au bon moment pour ne pas passer à côté de l’expression qui traduira une émotion. C’est l’essence même du reportage…